Agroécologie : je t’aime, moi non plus ?

La communauté scientifique s’accorde sur les vertus de l’agroécologie tant pour préserver nos biens communs tels que l’eau, le sol, les forêts  et la biodiversité, que pour absorber les chocs climatiques, entretenir la qualité des paysages, produire des aliments de qualité et créer de la valeur ajoutée dans les filières et sur les territoires.

Mais comment faire pour que les pratiques agroécologiques s’enracinent massivement et durablement dans les territoires et quel rôle peuvent jouer les collectivités locales ?

Cette question était au cœur du séminaire annuel du programme TETRAA qui a réuni 60 personnes du 16 au 18 janvier dans la Drôme. Au programme, une conférence introductive passionnante de Claire Ruault, sociologue au GERDAL, une table ronde rassemblant différents maillons du système agricole et alimentaire (agriculteur, grossiste, distributeur, collectivité locale…), des visites de terrain (la ferme bio de l’Auberge à Divajeu, en agro-sylvo-pastoralisme, et l’épicerie bio coopérative La Carline à Die),  une exposition à la découverte des initiatives portées par nos 9 territoires pilotes ainsi que de nombreux temps d’échange.

Si l’on ne devait retenir qu’une seule idée à l’issue de ce séminaire très dense, ce pourrait être celle, issue des propos de Claire Ruault, qu’en réalité, il n’y a pas de frein au changement dans le monde agricole ! En effet, on le voit bien, les agriculteurs ne cessent de s’adapter et de réinventer chaque jour leur métier en fonction des évolutions qu’ils captent dans leur environnement : évolution des signaux du marché, évolution des incitations financières et des subventions, évolution de la demande des clients (coopératives, entreprises agroalimentaires, consommateurs…), de la réglementation, des politiques publiques, des machines et des outils à leur disposition, de la disponibilité des ressources naturelles,  des caprices du climat, etc, etc.

Ainsi, le monde agricole fait des choix éclairés qui résultent de la prise en compte, de la compréhension qu’ils ont et de l’analyse fine qu’ils font de tous ces paramètres et de beaucoup d’autres encore.  Or, ces « signaux » se révèlent contradictoires et instables, ce qui complexifie grandement la prise de décision et par ailleurs, ils ne  vont évidemment pas tous dans le sens de l’agroécologie, loin de là !

Dans ce contexte, on peut se demander comment faire en sorte que « les planètes soient alignées », c’est à dire que soient mis en cohérence les signaux adressés au monde agricole en faveur de l’agroécologie. On le comprend, cette question ne peut trouver de réponses qu’en articulant différentes échelles et différents mécanismes d’intervention.  Néanmoins, notre séminaire a permis de mettre en lumière les leviers d’action propres aux collectivités locales qui leur permettent de contribuer, à leur niveau, à cette mise en cohérence globale. Oui, par leur politique d’achat en restauration collective, par leurs stratégies de maîtrise foncière et de gestion de la ressource en eau, par leurs actions de sensibilisation en direction des habitants, par le soutien qu’elles apportent aux agriculteurs bio de leur territoire, et bien d’autres voies encore, les collectivités ont tout le potentiel pour devenir des acteurs clé du changement.

Pour en savoir plus sur nos travaux lors de ce séminaire, vous pourrez retrouver prochainement les actes sur ce site.

Ce séminaire se tenait sur le territoire de la Communauté de communes du Val de Drôme, un des 9 territoires pilotes du programme Tetraa, que nous remercions chaleureusement pour son accueil. Un grand merci aussi à tous les participants et à nos nombreux intervenants.